Le festival de quoi ? Le festival du film auralpin comme la région Aura : Auvergne-Rhône-Alpes !
Et c’est cette année la vingtième édition de ce petit festival organisé à Sain-Bel, par le cinéma associatif de la ville, appelé le Strapontin.
L’an dernier, j’avais « couvert » pour le Progrès une partie du festival, notamment la projection du film « Une mère », tourné à Ranchal.
En début d’année, je me suis dit que vivre l’expérience de l’intérieur en devenant membre du jury pourrait être une bonne idée…
Donc j’ai postulé et j’ai été retenue 🙂 Et j’ai eu la joie d’apprendre que la présidente du jury serait cette année Sylvie Audcoeur, la réalisatrice de « Une Mère », film que j’avais adoré et qui avait d’ailleurs reçu le prix du festival auralpin l’an dernier !
J’avais eu la chance d’échanger avec Sylvie l’an dernier car elle était présente lors de la projection, et j’avais découvert une personne à l’écoute et très ouverte.
Mardi 4 avril
Premier jour du festival. Nous avons rendez-vous à 19h dans la petite salle située au-dessus du cinéma. J’arrive à 19h02. Tout le monde est déjà là : Sylvie et les autres membres du jury, Jean-Pascal Montero le président de l’association qui organise le festival, et Jérémy Frenette, fondateur et grand manitou du festival.
Une discussion animée sur l’obtention des financements par la région est déjà en cours. Parmi les membres du jury, certains sont « dans le milieu », notamment Anaëlle, 30 ans, qui est monteuse et a fait une école de cinéma à Lyon. Alain, lui, est bénévole dans un autre cinéma associatif, Cinéval, situé à Vaugneray, plus grand que Le Strapontin mais qui n’a pas de festival…. Fernand, le doyen, a enseigné beaucoup dans l’image. Les autres sont plus néophytes, comme moi : Brigitte est directrice de recherche, Martine retraitée travaillant précédemment dans l’insertion des jeunes, Stéphanie en reconversion dans le socio-éducatif et Geneviève qui travaille aussi dans les projets sociaux. L’ambiance est détendue et bon enfant. On nous sert l’apéro (vive le Martini:)) et on fait un tour de table où chacun se présente. On discute, on discute, mais l’heure tourne : il faut manger la salade de lentilles et le rôti préparé par une des bénévoles du cinéma, et à 20h30, on est dans la salle.
La salle se remplit, mais il reste encore deux rangs libres devant. Jérémy Frenette ouvre officiellement le festival. Il donne la parole à Raymond Revellin-Clerc, le maire de Sain-Bel, puis à Antoine Cochet, de l’URFOL, qui fournit les copies des films au cinéma. Et nous découvrons également les deux invités de la projection : Emmanuel Thomas et Anthony Salvatori, respectivement directeur de casting et chargé de figuration, qui ont travaillé pour le film que l’on va voir et sont là pour répondre ensuite à nos questions. Allez c’est parti ? Non pas encore, il faut encore présenter la présidente du jury, Sylvie Audcoeur, qui insiste pour présenter les membres du jury, donc nous la rejoignons docilement…
Cette fois c’est bon, le film commence, ou plutôt non, d’abord il y a la diffusion d’un court-métrage : Toutes les deux, un beau court-métrage d’une vingtaine de minutes. Puis le film, L’établi, de près de 2 heures. Un film hyper intéressant sur les conditions de travail à l’usine Citroën dans les années 70 et l’infiltration par des intellectuels marxistes qui veulent éveiller les ouvriers. Intéressant mais long.
23h : la soirée n’est pas finie. Cela se poursuit avec un super échange avec Anthony et Emmanuel, qui nous donnent à voir l’envers du décor : quelle est la commande en terme de figuration, les différences entre un figurant, une silhouette, silhouette parlante et rôle parlant et même les tarifs ! et comment on orchestre sur le plateau pendant 15 jours de tournage tous ces figurants en bleu de travail lookés années 70.
A l’issue de l’échange, nous sommes tous conviés à un verre de l’amitié à la salle des fêtes de Sain-Bel : champagne et petits fours, ça ne se refuse pas…. Je n’ose pas regarder l’heure…. Après une petite coupette, je rentre chez moi à vélo dans la nuit (à 1h30 du mat?)
Mercredi 5 avril
19h02 : j’arrive au lieu de rendez-vous. Tout le monde est déjà là, je reprends ma place. Le débat a déjà commencé ! Cette fois, finies les présentations, place aux débats sur les films vus la veille. Pour le court métrage, les avis sont presque unanimes sur le fait que c’était un très beau film, délicat, lumineux, un sujet grave traité de manière belle, avec deux superbes actrices. Je suis un peu plus sévère car j’ai trouvé le sujet traité de manière convenue, mais au global, l’avis est très positif.
On passe à L’établi. Chacun donne son avis à tour de rôle. On débute par la personne qui a donné son avis en dernier sur le court-métrage. Les avis sont plus mitigés. D’un côté un sujet très intéressant, basé sur le livre éponyme qu’on a tous envie de lire, mais un décor d’usine peu crédible, un manque de rythme, des longueurs.
Le débat terminé, on passe au dîner, cakes salés et salade préparés par Marlène, une bénévole du cinéma. Et à 20h45 on rejoint la salle pour la projection. Ah non, avant ça il y a la remise du prix du film auralpin à Sylvie, qui n’avait pas récupéré son prix de l’an dernier. Elle est ravie, et nous aussi !
Allez, c’est parti pour le court métrage, Dernière nuit, que Sylvie a déjà vu… Suivi du film : Sur les chemins noirs. Jean-Pascal nous avait parlé d’une surprise après le film, on caresse l’espoir d’une visite surprise de Jean Dujardin, et puis non, c’est un petit film avec Sylvain Tesson sur le tournage du film tiré de son livre… Pas d’intervenants du film ce soir-là, donc on rentre chez nous à 23h15.
Jeudi 6 avril
Soirée réjouissante ce jeudi 6 avril !
Avant la projection, rendez-vous à 19h dans notre petite salle spéciale jurés en haut du cinéma pour un débriefing de la veille. On décide de ne plus faire un tour de table mais d’échanger plus librement. On commence par le court-métrage Dernière nuit. Les avis sont très mitigés car le thème est très noir (une femme battue retrouve son mari pendu chez eux) avec un scénario un peu incohérent.
Un bénévole de l’association, Jean-Claude, le père de Jérémy, passe la porte pour nous apporter notre repas, une grosse tortilla toute chaude. On décide d’attaquer le dîner en débattant sur le long-métrage : Sur les Chemins noirs, avec Jean Dujardin. Film avec des paysages magnifiques, qui a plutôt plu, notamment à Sylvie, emballée par le jeu de Jean Dujardin. Seules Anaëlle et moi sommes restées un peu sur le rivage.
20h30 : il est temps de retourner dans la salle, qui est bien pleine, pas autant qu’hier où 50 personnes ont été refusées, mais très pleine ! On fait connaissance des intervenants sur le film : Jean-Marie Dreujou, directeur de photographie, et un couple de dresseurs, avec leur petit chien-acteur Gaston. On entame le court-métrage, intitulé la charge mentale. Rigolo, rafraichissant, original j’ai beaucoup beaucoup aimé ! Puis Les choses simples, avec Lambert Wilson et Denis Gadebois. Je me suis carrément prise au jeu. Feel good movie, mais chouette, bien joué, ça m’a mis de la joie au coeur. Et l’échange ensuite notamment avec les dresseurs d’animaux était jubilatoire, et presque insolite avec la présence de Gaston, chien acteur du film, avec un noeud papillon rouge.
Vendredi 7 avril
19h Rendez-vous dans notre petite salle pour parler des Choses simples et du court métrage qui remporte les suffrages. Pour les choses simples, les avis sont plutôt positifs pour le duo d’acteurs, les très beaux paysages, le côté feel good, mais pas un grand film marquant.
On passe à la soirée cinéma. La salle est toujours bien remplie. On visionne le court métrage Warning, reconstitution glaçante d’un fait divers qui a tué 71 migrants puis De grandes espérances.
À l’issue du film, un échange est prévu avec l’une des actrices du film. Il s’agit d’une actrice mais pas que puisque l’an dernier elle a remporté le prix du court métrage. Elle vient donc aussi récupérer son prix gagné l’an dernier. Et elle nous explique les coulisses du tournage pour sa partie qui se déroulait dans une usine également avec pléthore de figurants et silhouettes qu’elle a du « driver » comme elle le faisait dans son rôle à l’écran de salariée revendicatrice et leadeuse d’un mouvement social. Marrant de voir les frontières entre réel et fiction qui se floutent et aussi les liens entre les films, puisque l’on a eu cette thématique précédemment avec L’établi. L’établi tiré d’un livre tout comme Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson. Et les paysages sublimes de Les choses simples faisant écho à ceux Sur les chemins noirs. Mais sur le moment, c’est plutôt la fatigue qui l’emporte je suis contente de rentrer me coucher.
Samedi 8 avril
Dernière journée et journée marathon. Pour moi, la meilleure de la semaine !
On a rendez-vous dès le matin à 9h45 pour un petit café croissant et œufs de Pâques avant de s’engouffrer à 10h dans la salle de cinéma pour une projection privée de La plus belle pour aller danser, mon film préféré ! Le film sera projeté en public le soir pendant que nous délibérerons, ceci explique cela.
Au sortir de la salle on rejoint tout un groupe du Strapontin pour aller déjeuner au Chems, un restaurant de L’Arbresle. Mais nous ne nous mélangeons pas aux autres convives (avec notamment deux actrices du film suivant) car pour le jury, il faut bosser ! Ou plutôt débriefer du film de la veille, puisque nous allons devoir aussi débriefer de la plus belle pour aller danser, et du dernier film que nous verrons à 14h30 ainsi que des 4 autres courts-métrages que nous visionneront à 17h. Quand je vous disais que la journée est bien chargée…
Au restaurant, nous commandons des apéritifs le temps que nos couscous arrivent. Et nous débriefons Des grandes espérances. C’est difficile de s’entendre à 9 autour d’une table avec le bruit des autres tables. Film coup de cœur pour Martine. La thématique de transfuge social a plu, le jeu des actrices et des acteurs aussi. Moi je n’ai pas adhéré au scénario, trop incohérent après un bon début pourtant. On déguste notre couscous puis notre dessert. Nous avons peur de sombrer dans le sommeil lors de la prochaine projection.
Malgré le beau soleil printanier, nous retournons dans la salle obscure pour le dernier film Les têtes givrées, dont l’énergie nous a permis de rester bien éveillés.
Ah oui juste avant nous rencontrons le jury jeune qui venait uniquement pour la projection des Têtes givrées mais surtout pour la projection des 8 courts métrages, séance gratuite ouverte à tous pour promouvoir les courts métrages. Deux actrices des têtes givrées, Malonn Lévana, jeune actrice avec une carrière déjà riche, et Floriane Durin, échangent avec les spectateurs après le film.
Nous prenons une mini pause pour débriefer dehors des Têtes givrées.
À 17h, on retourne à la projection des courts métrages. Et là retournement de situation, je pensais que rien ne surpasserait La charge mentale, et clac arrive La vie au Canada et tout bascule. Un court-métrage tranche de vie familiale hyper réaliste et touchante qui me va droit au coeur. Les trois autres courts-métrages sont vraiment courts (moins de 10 minutes) et sont des films d’animation très originaux. Vraiment la sélection des courts-métrages est excellente ! A l’issue de la projection de Spoon on a un échange avec le producteur et à l’issue de celle de Feux d’artifice avec le réalisateur qui tourne à l’Iphone ! Hyper intéressant encore cette diversité d’approches. D’autres réalisateurs sont là notamment ceux de La charge mentale et Dernière nuit mais nous ne pouvons pas rester pour revoir ces courts-métrages : nous devons débattre et choisir !
A 18h, on se cale au soleil pour établir le palmarès du court-métrage. Sylvie nous propose une méthodologie efficace. On se met super vite d’accord sur le trio de tête. On décide de récompenser le duo d’actrices de Toutes les deux, de décerner un prix de l’originalité à La charge mentale, et à la grande surprise et à mon grand bonheur c’est bien La vie au Canada qui l’emporte. On remet nos choix à Jean-Pascal.
On fait une pause restauration avec notre tout dernier repas ensemble. On est descendu aussi rencontrer les réalisateurs des courts qui prenaient un verre mais à 20h le public commence à arriver pour la dernière séance, on doit remonter dans notre salle pour finir nos délibérations.
Pour les longs métrages c’est plus compliqué parce que les avis sont moins homogènes. Je ne peux pas dévoiler toutes les discussions… secret du jury. C’est finalement Sur les chemins noirs qui l’emporte. On donne un prix d’interprétation à Brune Moulin pour La plus belle pour aller danser et un prix spécial pour Les Grandes Espérances. Pas facile de choisir…
On remet nos décisions au président de l’association et il nous reste un peu de temps pour … faire notre petite vaisselle comme chaque soir (le boulot de Fernand), débarrasser et discuter bien sûr ! On a déjà abordé la veille la question de la charge mentale dans le couple, ce soir on parle : cinéma tiens ! Quel est le film qui nous a marqué enfant ? Ça peut durer longtemps mais c’est l’heure !
À 22h45 on rejoint la salle pour assister à la dernière rencontre : il s’agit de Nicolas Porte, repéreur de lieux pour La plus belle pour aller danser. Pour l’anecdote c’est lui qui avait repéré en 2000 la ferme Reverdy à Saint-Julien-sur-Bibost où a été tourné Un crime au paradis de Jean Becker.
Le jury jeune remet son prix du meilleur court-métrage. La porte parole s’exprime avec aisance et précision elle est bluffante. Et elle souligne leur intérêt fort pour la charge mentale et Toutes les deux, et décerne leur prix à La vie au Canada. Exactement comme nous ! Parfaite symétrie et alignement des jeunes de moins de 18 ans et des vieux qui ont de 30 (Anaëlle) à 73 ans (Fernand) !
Puis nous les rejoignons et c’est à Sylvie de remettre les prix. L’un des deux réalisateurs de la charge mentale, Colas Rifkiss, est présent : il nous rejoints pour prendre son trophée.
La semaine se boucle comme elle a commencé : par une coupe de champagne à la salle des fêtes de Sain-Bel. La parenthèse enchantée se termine, on décide de garder contact entre jurés pour conserver un fil de cette union éphémère autour de notre amour du cinéma et des rencontres.
Merci pour ce compte-rendu qui explique bien tout la semaine du Festival , toute l’équipe en est fier surtout cette année avec le monde qu’on a eu , car c’est un long travail est c’est pas toujours facile de faire venir les intervenants ,
et merci à toute les aides qu’on a eu car sans ça il n’aurait pas de festival .
Bonne journée et à très bientôt
Merci Jeanne de ce reportage sr notre semaine de festivalier que j’ai adoré. Pour moi ce fut une expérience très enrichissante avec une équipe très sympathique….t maintenant je vois les films d’une autre manière.
Et puis vivre au milieu de tous ces bénévoles très dévoués montre à quel point « la communauté » du strapontin est solidaire et dévouée.
Bravo à eux
Oui ces bénévoles sont formidables !